dimanche 25 octobre 2009

www.lucky-luke-le-film.com

Quand j'étais enfant, mon plus grand plaisir était d'entrer dans un cinéma. C'était l'époque où l'on bâtissait des cathédrales dédiées aux héros de westerns ou de films de guerre. Le hall était aussi vaste que celui d'une gare, on passait le guichet en faisant poinçonner son ticket par un monsieur en uniforme, puis l'escalier mécanique vous emmenait loin, au-delà des rêves.

C'était l'époque où les escaliers mécaniques étaient réservés aux endroits extraordinaires, les aéroports par exemple. D'ailleurs, ce n'était pas des escaliers mécaniques, mais des "Escalators" (si vous ne me croyez pas, allez voir le site du Musée qui lui est dédié. Vous remarquerez d'ailleurs que c'est un musée de pacotille, sinon ils auraient choisi d'enregistrer leur nom en .MUSEUM). Les escalators montaient, ils ne descendaient jamais.

Bref, en sortant de l'escalier mécanique on gravissait encore quelques marches, et la salle de cinéma s'ouvrait à vous, immense, tendue toute de bleu ou de rouge, avec des lumières incrustées dans les plafonds (on était dans les années soixante, une époque où dans les magasins on vous demandait si vous vouliez acheter une ampoule pour du 110 ou du 220 volts !). Il fallait descendre des marches pour aller au plus près de l'écran qui était immense lui aussi, de la largeur de la salle. Et il ne fallait pas aller trop près parce que ça abîmait les yeux.

Je ne me souviens plus des films qui étaient projetés, mais je peux dire que c'était toujours des héros qui tentaient leur grande évasion en sautant les barbelés d'un camp en motocyclette ou se réunissaient à sept mercenaires pour libérer le village de paysans mexicains rançonnés par des bandits. Mon héros préféré était Steve McQueen qui, à cheval, à moto, en voiture de course ou tenant une femme dans ses bras (ou les trois à la fois), incarnait le héros du XXe siècle. (Pour en savoir plus sur lui, je suggère d'aller sur le site www.jesuismort.com qui propose de se recueillir sur les tombes des hommes et des femmes les plus célèbres, de leur rendre hommage ou de souffler les bougies de l’anniversaire de leur mort. Si, si, ça existe !)

La caricature de ces héros se trouvaient dans la bande dessinée. Lucky Luke, Tanguy et Laverdure, Bob Morane et Barbe-rouge étaient des héros de cinéma "pour de rire" et on pouvait les retrouver chaque semaine dans le journal Pilote dont un certain René Goscinny était le secrétaire de rédaction. (Si vous voulez retrouver vos BD d'enfant, allez sur l'excellent site BD Oubliés qu'un dingue de bandes dessinées anime avec courage. Il a même répertorié mes chefs d'oeuvre, un dingue je vous dit !)

Notre époque étant à la régression, ce sont maintenant ces héros de bande-dessinée que l'on retrouve sur grand écran. Lucky Luke, le Petit Nicolas viennent de sortir en salle et l'on prend soin d'ajouter au nom de domaine "-le-film" pour que surtout on ne confonde pas avec la bande dessinée.

Même les acteurs d'aujourd'hui sont des personnages de bande-dessinée. Jean Dujardin (qui incarne un Lucky Luke empêtré dans ses interrogations freudiennes), aussi talentueux soit-il, ne prétend pas être autre chose qu'une parodie de Steve Mc Queen ou de Sean Connery. Son grand rival (c'est tout dire !) est Franck Dubosc, porté par Yann Moix, qui passe de case en case dans Cineman. Même Kad Merad est une sorte de crayonné, une esquisse de Bourvil.

Les acteurs d'aujourd'hui ne sont pas des héros, ni même des anti-héros, mais des héros de notre enfance, des héros "pour rire". Peut-être parce que l'on a un Président de la République qui ressemble à Iznogoud (le petit hargneux qui voulait toujours être Calife à la place du Calife). Peut-être parce que ce sont toujours les mêmes qui montent sur les escalators qui ne font que descendre. Peut-être parce que l'époque est violente et que l'on a tous besoin de retrouver, devant nos yeux d'enfant, un film ou une page dessinée.

On est dans une époque où l'on a besoin de purée-jambon et de coquillettes et où les hommes ne sont plus des héros, mais des enfants.

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